Retour sur le projet artistique et territorial du festival de Chaillol dans le dernier numéro de Zibeline, paru ce lundi 16 juillet. Un entretien de Michael Dian avec Agnes Freschel.
Retour sur le projet artistique et territorial du festival de Chaillol dans le dernier numéro de Zibeline, paru ce lundi 16 juillet. Un entretien de Michael Dian avec Agnes Freschel.
Le festival de Chaillol est en vue... À savourer, partager !
Foisonnante, savoureuse, généreuse, surprenante, exigeante, ... voici
poindre la 16e édition du festival de Chaillol. À peine le temps de se remettre des émotions de la saison des Week-ends Musicaux, l'équipe du festival est heureuse de vous convier, autour d'un
verre de l'amitié, à une présentation de saison, pour être sûr de ne rien rater de ce que réserve cette édition, mijotée de longue date...
Présentation de saison le mardi 17 juillet, 18h00, Jardins de Providence, Gap. On vous y espère nombreux, curieux, joyeux !...
Premier concert jeudi 19 juillet, 21h00, à Chaillol, avec la rencontre au sommet du baryton français Laurent Naouri et du pianiste de jazz Manuel Rocheman, autour des mélodies caressantes de Bill
Evans...
Billetterie en ligne
http://www.weezevent.com/
Avec les concerts de Jadayel s’est achevée la saison 2012 des week-ends musicaux du festival de Chaillol durant lesquels 21 concerts ont été organisés dans 21 communes haut-alpines, à la rencontre des publics locaux.
L’Espace Culturel de Chaillol a franchi une nouvelle étape avec la commande au compositeur palestinien Ahmad Al-Khatib d’une œuvre nouvelle écrite pour quatuor à cordes, oud et percussion dans laquelle la tradition orientale dialogue avec la tradition occidentale. Les musiciens du quatuor Bela et du duo Sabil se sont ainsi rencontrés lors d’une résidence de création à la chapelle des Pénitents à Gap où des curieux ont pu les entendre répéter en avant-première le projet Jadayel (« tresses » en arabe). Dès le jeudi 28 juin, les publics gapençais sont venus nombreux pour écouter cette création qui a séduit par sa beauté, son énergie et la réussite des échanges entre l’harmonie du quatuor à cordes, la richesse mélodique du oud et les rythmes envoûtants des percussions. Le public époustouflé par la qualité de cette représentation n’a pas ménagé ses applaudissements ni ses commentaires élogieux à la sortie. Le lendemain à Remollon, l’accueil était tout aussi chaleureux et les habitants ont été agréablement dépaysés par les multiples modes et rythmiques orientaux subtilement mêlés aux sonorités des instruments à cordes. Puis les notes fascinantes de ces mémoires croisées se sont envolées vers les confins du département, là où les Hautes-Alpes s’ouvrent vers la Drôme, et ont résonné magnifiquement dans la très bonne acoustique de l’église de Bruis. Enfin, les six musiciens, avec une complicité accrue, sont venus jouer dimanche dans l’église de Lardier-et-Valença, clôturant superbement les week-ends musicaux de cette saison 2012.
Le public émerveillé attend déjà avec impatience le retour d’Ahmad Al-Khatib, Youssef Hbeisch et des membres du quatuor Bela qui donneront une nouvelle série de concerts durant le festival de Chaillol, fin juillet (29, 30 et 31), avant de partir jouer ces œuvres à Paris, Londres puis en Palestine. Lors de leur prochain séjour dans les Hautes-Alpes cet été, les musiciens enregistreront ce programme Jadayel dans les studios Alys à Manteyer, pour réaliser un disque désormais tant désiré par les spectateurs.
Découvrez un retour en images sur la résidence de création réalisé par France 3 en cliquant ici
Le duo SABIL, du nom de leur première création - est composé par deux Palestiniens, l’un, Ahmad Al Khatib, maître incontesté de l’oud et compositeur reconnu du monde arabe, l’autre, Youssef H beich percussionniste de talent que le public européen connaît pour sa collaboration régulière avec le Trio Joubran. Raffinement et sobriété, sophistication sous l’apparence de simplicité, la musique d’Ahmad Al- Khatib et de Youssef H beich est pleine de la mémoire musicale de leurs origines qu’ils redécouvrent en lui donnant de nouvelles formulations.
Né en 1974, dans un camp de réfugiés palestiniens en Jordanie, Ahmad al Khatib commence très jeune à jouer du oud avant d’étudier la musicologie et le violoncelle occidental classique. Installé à Ramallah depuis 1997, il devient directeur du département de musique orientale au Conservatoire de musique Edward Saïd et monte le groupe Karloma auquel Youssef Hbeisch participe. En 2002, son visa ne lui permettant pas de rester, il continue de travailler à distance pour ce concervatoire et d’autres, compose, publie 5 ouvrages d’enseignement de l’oud, 5 autres de transcriptions musicales pour les compositeurs modernes arabes. Depuis 2004, il est installé en Suède où il enseigne les théories de la musique modale, la composition et la musique d’ensemble. Jouant avec divers groupes, il se produit aussi en solo : en 2004, l’album Sada rendait hommage à Jamil et Munir Bashir.
Né en 1967 dans un village de Galilée, il commence dès l’âge de 7 ans à jouer des percussions, enseignées par son frère qui emmène jouer l’enfant prodige dans les mariages. Il étudie plus tard la philosophie et la musicologie et fait des recherches sur le rythme dans différentes cultures. Aujourd’hui spécialiste des percussions orientales, il maîtrise son jeu pour en faire un style unique, raffiné et novateur, loué par les connaisseurs. Enseignant aussi au Conservatoire Edward Saïd, il anime des master class dans divers pays, notamment dans une perspective de thérapie par l’art. Il vit entre Paris, Haïfa et le monde, et aime se produire avec des formations très variées : Marie Keyrouz, Ibrahim Malouf, Dorsaf H amdani, Lo Cor de la Plana, et depuis 2007 avec le Trio Joubran....
Ahmad Al Khatib et Youssef Hbeisch font plus que témoigner du bouleversement provoqué par le développement de la musique instrumentale sur la scène musicale palestinienne, ils y apportent une essentielle contribution (...) Dans le climat tendu et conflictuel du Moyen-Orient contemporain, les deux musiciens proposent un modèle de réconciliation par l’exigence de relire son patrimoine au regard de ce qu’il reçoit incessamment de l’autre.
François Meïmoun, compositeur
Né en 2003, le Quatuor Béla est composé de quatre jeunes musiciens lyonnais issus des CNSM : Julien Dieudegard, Frédéric Aurier, Julian Boutin, Luc Dedreuil. Ils se sont rassemblés autour du désir de défendre le répertoire contemporain (Ligeti, Crumb, Scelsi, Dutilleux…) et la création sous toutes ses formes : musique mixte, improvisation, théâtre musical, commandes (Carinola, Kahn, Serre-Milan, Kalantzis, Schuler, Drouet, Marcoeur… ). Ils se produisent sur des scènes emblématiques de la musique d’aujourd’hui, telles que la Biennale Musique En Scène, le Festival les Musiques à Marseille, le Festival Why N ote, le GRAME, Musique Action, le GMEA…
Leur désir naturel de rencontres les amène à travailler avec des artistes d’horizons parfois éloignés : Jean François Vrod, Albert Marcoeur, Anne B itran, Fantazio,Moriba Koïta. De ces collaborations sont nées des spectacles, un disque, des concerts, des projets : Retour sur le Coissard Balbutant, Travaux Pratiques, MachinaMémorialis, I mpressions d’Afrique.
Convaincus que l’expression savante contemporaine se doit de jouer un rôle primordial voire fédérateur auprès de toutes les musiques vivantes et neuves, ils participent à des manifestations volontairement hybrides - dont ils sont parfois les organisateurs, avec des compagnons de route tels que Denis Charolles, Fantazio, Sylvain L emêtre... où chacun tente d’entretenir avec le public une relation moderne sincère et sensible. (Festival La Belle Ouie, Carte Blanche Fantazio à Calais, Festival les Nuits d’Eté, La France qui se lève tôt, Carte B lanche au Quatuor Béla à Chambéry, Festival Musiques de Rues, Africolor, la CCAS... )
Le Quatuor Béla, une jeune formation lyonnaise qui se plait à cultiver une approche panoramique de la musique : en témoignent par exemple ses collaborations avec Albert Marcoeur mais aussi la manière à la fois décomplexée et éminemment sensible dont il aborde le répertoire savant contemporain.
David Sanson, Mouvement.
Jadayel, un dialogue musical entre mémoires orientales et occidentales
Ce projet s'inscrit dans la continuité d'expériences passées, de rencontres avec d'autres
cultures musicales. Même si je suis profondément attaché à mon propre héritage, chaque rencontre avec une « altérité musicale » m'a enrichi jusqu'à transformer mon regard sur mes
propres traditions. Avec Youssef Hbeisch, nous avons participé voici quelques années à une rencontre entre un quatuor oriental et un quatuor à cordes allemand. La recherche de points de rencontre
fut à ce point fascinante que nous souhaitions poursuivre dans cette voie.
C'est Michaël Dian qui nous a mis en contact avec le quatuor Béla, avec l'intuition, due à sa connaissant de travail des deux ensembles, qu'une collaboration serait féconde. Le fait qu'il ait
pensé à un quatuor largement dédié aux répertoires contemporains n'est sans doute pas une coïncidence : à voir les trajectoires du groupe et de chacun de ses membres, nous partageons tous la même
curiosité pour l'inédit, le même goût pour les rencontres qui bousculent, le même désir d'explorer de nouvelles directions, d'ouvrir de nouvelles voies.
Le patrimoine oriental qui nourrit mes compositions est varié : aussi bien une samaï classique qu'un air du folklore syrien, un rythme marocain, une touche andalouse ou égyptienne, ou des
éléments provenant de Turquie, du Golf ou bien entendu d'Irak. A tout ceci s'ajoutent des éléments contemporains occidentaux et finalement, des influences de toutes les musiques auxquelles j'ai
été exposé et qui m'ont marqué – en particulier un travail récurrent avec des musiciens suédois, ces dernières années.
Je ne vis donc pas exactement ce projet comme une rencontre Orient-Occident. Tout en composant, j'ai surtout à l'esprit les instruments spécifiques qui participent au projet : comment les faire
dialoguer..?
Reste que la musique modale est de structure horizontale et utilise davantage le rythme que la musique occidentale, de structure verticale, qui s'est développée vers l'harmonie et confère une
importance marquée à la mélodie. Sera-t-il possible de combiner tel mode avec telle mélodie ? D'utiliser tel maqam dans une perspective harmonique ? Comment rendre le mode Saba moins mélancolique
qu'il ne l'est habituellement ?.Partant de ma formation à la musique modale, je tente en même temps d'en reprendre certains sons (quarts de tons et micro tonalité, peu présents dans la musique
classique occidentale), certaines intonations, une certaine esthétique pour les insérer dans une structure verticale. De surcroît, encadrer rythmiquement le tout et organiser des cycles
rythmiques s'avère relativement complexe.
Une oreille attentive distinguera parfois l'origine de tel ou tel « ingrédient », mais plus souvent, les musiques rencontrées dans le passé et qui nourrissent cette composition ont été
digérées, intériorisées ; elles m'ont structuré. Et dans la création, elles réapparaissent si intimement imbriquées, qu'il est impossible de les isoler complètement. C'est tout le pari de Jadayel
: inventer une nouvelle musique qui soit un espace de dialogue musical, au plus près des mémoires et des grammaires qui nous constituent.
Entretien en anglais, réalisé et traduit par Alix Tamour.
LES TRAVERSES DU TEMPS, une émission de Marcel Quillévéré,
France Musique.
Michaël Dian était l'invité de Marcel Quillévéré, le vendredi 22 juin, de 19h08 à 20h.
Une conversation pour célébrer les noces joyeuses entre la musique et un territoire rural de montagne pas tout à fait comme les autres...
Pour l'écouter, cliquez sur le lien suivant:
http://soundcloud.com/mdian/les-traverses-du-temps-marcel
Conversation avec le journaliste Marc Zisman, enregistrée dans les studios de Qobuz, partenaire attentif du festival de Chaillol. Michaël Dian évoque la saison 2012, les modalités de son élaboration, les chemins de traverses auxquels elle invite pour faire entendre la diversité des gestes de la création contemporaine. On y parle aussi des enjeux d'une offre culturelle en territoire rural de montagne, de politiques publiques de l'Art et la Culture...
Pour écouter l'interview, cliquez ici.