3 questions à Alejandro Schwarz, Compositeur, arrangeur, guitariste de Tango Argentin... pour « Como un tren »
par Sylvie Delécluse
Quel est votre rapport aux musiques d'Argentine d'hier et d'aujourd'hui ?
« Je suis arrivé au Tango après un court passage par le Rock Argentin, mais j’ai très vite senti que ce n’était pas ma personnalité, je cherchais un langage plus authentique pour m’exprimer en tant que musicien. C’est grâce à ma rencontre avec les musiciens de L'Escuela Popular de Música (Ecole Populaire de musique) à Buenos Aires où j’ai côtoyé des professeurs, des maîtres du tango, du jazz, du folklore… J’ai pu les rejoindre, prendre des cours et comprendre que cette musique était vivante et qu’elle valait le coup d’être encore jouée. Dans ma génération, le tango avait la réputation d’être une musique d’anciens, une image cartonnée un peu ringarde, mais au milieu des années 90, il y a eu en Argentine une grande renaissance du Tango, un phénomène que l’on appelait à l’époque « la joven guardia del tango » (la jeune garde du tango), parce que beaucoup de jeunes voulaient reprendre le tango à la tradition et y apporter un renouvellement. La communication avec les anciens renouée, nous avons pu en connaître les racines, retrouver l’envie de faire du tango et sentir que cela pourrait être notre langage, que l’on pouvait s’exprimer à travers le Tango encore une fois à la fin du 20ème siècle et les prochains siècles, aussi…».
Comment s'est formé le Quinteto El Despues?
« Avec Victor Villena nous avons beaucoup d’attachement au Tango ancien, chacun avec ses musiciens préférés, nous faisons partie de cette famille, celle du Tango.
En arrivant en France, j’ai retrouvé Victor Villena et intégré un groupe où il jouait déjà. Peu de temps après nous avons eu le désir de faire quelque chose de différent, prendre une nouvelle direction. Nous avons donc créé notre propre groupe avec l’idée de chercher dans l’interprétation une manière de jouer, d’écrire la musique pour faire du tango à notre manière avec le langage d’aujourd’hui afin de le partager avec le monde et les musiciens de tout type, classique, jazz…..».
Que pouvez-vous nous dire à propos de ce nouvel album « Como un tren » ?
« C’est d’abord l’aboutissement de beaucoup d’années de travail, 4 ans. Le disque se nomme « Como un tren » qui signifie « comme un train ». C’est un morceau que j’ai composé en pensant à Victor Villena, qui habitait en banlieue et qui prenait chaque jour le train (un train rempli de personnes et qui marche à pas d’homme) pour se rendre à la ville y apprendre son métier de musicien. Cette idée de quelque chose qui avance, qui a une force et qui essaie d’avoir une direction me plaisait beaucoup. Un voyage que l’on essaye de faire en avançant avec courage ».
